Je m'étais dit que j'allais attendre une année avant de t'envoyer ce message, mais j'ai tellement de choses incongrues à gérer en ce moment que ça me fera une distraction... et un poids en moins, surtout. Peut-être que tu ne liras pas ce message avant des mois, mais peu m'importe.
Par où commencer ?
Nous sommes devenus amis assez rapidement et, sans rire, ma perspective des choses, mes croyances, mes objectifs, ont été bousculés. Je n'avais jamais ressenti une attraction presque spirituelle aussi vive et intense envers une autre personne. C'est peut-être en partie ce qui explique le sentiment de vide que je ressens parfois, aujourd'hui. Sans le vouloir, sans le chercher, tu m'as apprivoisée. "Mais si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde". A la différence que je n'ai pas réussi à t'apprivoiser. Plus je me rendais compte de notre incompatibilité purement amicale, plus je comprenais que je fonçais droit dans un mur. Un mur en béton, bien solide, bien haut. Un mur qui me heurterait durablement et profondément.
Je ne suis jamais tombée amoureuse. Pas encore, du moins. Je suis un glaçon. Mais un glaçon doté d'énormément d'empathie. Je me suis rendue compte que les sentiments t'effrayaient, que tu cloisonnais ta vie, que tu la compartimentais et que, pour une raison qui me dépassait, tu ne communiquais une forme d'affection qu'à un nombre limité de personnes. Dont je ne faisais pas partie. Ce que je pouvais comprendre, dans la mesure où j'ai toujours eu une piètre image de ma personne et que je donne tout en n'attendant sincèrement rien en retour. Seulement, tu continuais à mal interpréter chacune de mes paroles et chacun de mes gestes. Quand on conjugue cela avec une époque où j'étais vraiment au plus bas, pour énormément de raisons personnelles, où je fondais en larmes pratiquement tous les soirs... je pense que j'avais juste besoin d'un ami et de quelqu'un de loin (pas seulement physiquement) sur qui me reposer un instant. Je me sentais seule, même entourée, et la distance à laquelle tu étais faisais que tu remplissais les critères. Je finissais par être confuse, te faire me détester et me faire te détester en retour. Sans raison.
Quand tu m'as dit que tu ne comprenais pas pourquoi je t'aimais bien, j'y ai vu une occasion en or de me relever de ce gouffre dans lequel je sautais à pieds joints. Je t'aime énormément, je ne le nie pas. Seulement, pas dans le sens absolu de la chose. Je ne suis absolument pas amoureuse de toi. Je ne te conviendrais absolument pas et l'inverse est vrai ! Je ne suis ni assez excentrique, ni assez "électro-phile", ni assez intelligente, ni assez mince, ni assez juive :) etc etc. Blague à part, je me suis dit qu'il fallait que je joue sur cette corde qui te ferait t'éloigner. Et ça n'a pas manqué. A donc débuté un périple d'un mois où je modifiais chaque soir mon texte sur mon téléphone ou sur mon blog de pseudo écrivaine, en changeant de registre, passant du pathos à la comédie, tenant d'apporter un équilibre au chaos.
Je pense que mon seul "talent" est celui de bien manier les mots, donc il ne m'a pas été difficile de t'écrire tous ces mots qui te feraient te sentir unique. Je pensais tout ce que j'ai écrit, tu es une personnes formidable ! Je ne me suis jamais attachée à quelqu'un aussi rapidement. Jamais. J'ai rarement laissé quelqu'un m'approcher d'aussi près et me faire des câlins (je suis une sorte d'animal sauvage). Je n'avais jamais eu cette sorte de sentiment fort qui s'apparente presque à de l'instinct maternel (c'est stupide, je sais), qui faisait que j'avais juste envie de te voir réussir, être heureux et épanoui. Je ne m'attendais pas à ce que tu me manques autant, à avoir envie de courir t'envoyer un message pour te dire que j'avais été admissible au double-diplôme alors qu'il n'y avait que quinze places au final et que j'avais été refusée à Sciences Po seule, à te faire part de mes angoisses quand je n'arrivais plus à aligner une phrase en arabe, puis quand j'ai du passer mon entretien, puis quand j'ai été admise et que tous les problèmes qui pouvaient apparaitre sont apparus... Mais ça, c'est une autre histoire.
Tout ça pour dire que je suis extrêmement fière de toi et que je te souhaite un excellent anniversaire, Yo !!! Que tu trouves enfin ta voie, que tu regardes et que tu lises tous les classiques (pour alimenter ton compte Instagram), que tu changes en partie de goûts musicaux, que tu déménages près de Montmartre, que tu fasses toi aussi LA rencontre qui bouleversera le courant de ton existence, que tu t'ouvres tellement l'esprit qu'il soit de la taille de la voie lactée, que tu me débloques un peu de partout parce que je ne suis plus une psychopathe et que tu t'éclates un peu pendant ton année :)
Con mucho amor,
- A. 19/07/2018